L’histoire avait fait grand bruit à l’époque du crime, comme lors du procès qui avait suivi deux ans plus tard. Elle n’avait, depuis, cessé d’être reprise et analysée dans des livres ou des films, notamment à cause de la personnalité de l’accusé, futur écrivain à succès. En Dordogne comme dans toute la France, le triple crime du château d’Escoire était devenu un classique d’affaire non résolue.
Au matin de la nuit du 24 au 25 octobre, le propriétaire Georges Girard, sa sœur Amélie et la bonne, Louise Soudeix, sont retrouvés morts dans la cuisine et une pièce voisine, tués à coups de serpe. Le fils Henri Girard, 26 ans, est vite soupçonné et emprisonné. Mais il n’avoue jamais.

Lors du procès devant la cour d’assises de Périgueux en 1943, en pleine période de l’Occupation allemande, Maurice Garçon, un avocat ténor du barreau de Paris et ami de l’accusé, assure avec brio sa défense. Il réussit à retourner les jurés et à le faire acquitter sous les acclamations du tribunal. Henri Girard deviendra célèbre par la suite comme romancier sous le nom de Georges Arnaud, avec le titre Le salaire de la peur, adapté au cinéma avec Yves Montand et Charles Vanel.
Du déni au témoignage
Faute de coupable, le mystère était, depuis, resté entier. Mais voilà que sa fille Catherine Girard publie cette rentrée 2025 un livre (In Violentia veritas, Éditions Grasset) dans lequel elle raconte précisément les aveux qu’elle a recueillis auprès de son père quand elle avait 14 ans. Elle ne supportait plus d’être surnommée la fille de l’assassin. Par déni, elle avait, depuis, gardé cette confession pour elle. Après une vie aventureuse à travers la planète, elle a décidé de mener une investigation familiale pour comprendre comment son père avait pu réaliser une telle tuerie. Son père est décédé en 1987.
Avant de témoigner dans un texte très fouillé, elle est venue plusieurs fois en Dordogne pour mener son enquête sur les lieux du crime, pour rencontrer des habitants et étudier les archives. Elle a échangé avec des auteurs de livres sur l’affaire comme l’ancien commissaire Guy Penaud, qui a toujours cru à la culpabilité d’Henri Girard.
Elle est même devenue la marraine du salon du polar créé au château d’Escoire en 2021. L’écrivain Philippe Jaenada, après une longue enquête, avait conclu de son côté à son innocence. Il avait obtenu le prix Femina en 2017 pour ce récit.
Le livre de Catherine Girard, qui bénéficie d’un vaste lancement, devrait beaucoup faire parler de lui lors de la rentrée littéraire. Il donne enfin, plus de 80 ans après, la solution de ce fameux Cluedo bien réel, qui a fait couler beaucoup d’encre.
Le troisième salon du polar au château

Avec une telle renommée apportée par ce triple crime, Escoire se devait d’organiser un salon du polar. Patrick François, à la fois humoriste et ancien de la Sécu, auteur prolifique et amateur de jeux de mots, éditeur et organisateur de défis fous, s’est lancé dans cette aventure plus noire. La troisième édition est fixée au dimanche 28 septembre, avec 25 auteurs invités.
Catherine Girard y est annoncée, mais comme marraine, pas comme autrice. Elle ne dédicacera pas au salon, mais aux espaces culturels Leclerc le samedi de 10 à 12 h 30 dans la librairie Marbot du centre-ville de Périgueux, et de 15 à 17 h 30 à celle de la Feuilleraie, à Trélissac.
La veille : conférence à la salle des fêtes d’Escoire avec l’ancien flic Fred Bologsen, auteur de nombreux livres où se trouvent souvent des chats.
Entrée gratuite.