Voilà plus d’un an que le théâtre de la Gargouille vit sans ses fondateurs, Gérard Guillemin et Christine Good, qui ont porté en duo depuis 1980, puis en famille avec leurs enfants, cette compagnie ancrée à Bergerac depuis les années 1990, avec des itinérances en milieu rural, sous chapiteau.
Gregory Felzines a pris la relève pour les mises en scène et c’est avec Cyrano de Bergerac que la troupe, toujours engagée pour le spectacle vivant, revient devant le public. « Cyrano c’est l’insolence, c’est l’indépendance, l’insoumission, le refus de tous compromis et l’espérance qu’un monde meilleur est possible, une forme d’idéal d’être et de penser, assure Gregory Felzines. Mais Cyrano c’est surtout, surtout une pièce de troupe. Une trentaine de personnages et neuf comédiens pour les incarner dans une mise en scène où ils jouent sur des gradins, comme s’ils jouaient à Cyrano, comme des enfants qui voudraient raconter une histoire, pour rêver, s’amuser…»
Signature d’ensemble
C’est dans l’enfance du metteur en scène qu’il faut chercher l’attachement à cette pièce : il souhaite en livrer une version fidèle au texte original, monument en cinq actes de 2h40, avec neuf comédiens pour interpréter la trentaine de personnages. Autant dire qu’il s’agit d’une performance artistique autant que physique. Le gradin de bois, cœur du dispositif scénique, accueille les décors de chaque acte, changés à vue par les comédiens. L’esthétique générale révèle la volonté de “mettre en théâtre” le texte d’Edmond Rostand, l’ensemble de la création portant la signature de La Gargouille, des décors aux costumes en passant par les accessoires, la mise en lumière et en son. Immersion garantie dans une époque, une ambiance aux tirades tant attendues, celle des ”non merci” qui résonne aux oreilles de notre époque, l’incontournable tirade du nez à l’humour ravageur, la scène du balcon calibrée pour émouvoir encore plusieurs générations, jeu de dupes entre Roxane, Christian et Cyrano, jusqu’à l’illumination crépusculaire finale.
« Ce monument du patrimoine littéraire et théâtral, en France et à l’étranger, dont chacun porte en lui un fragment, une réplique, une image, est encore aujourd’hui la pièce la plus jouée dans le monde. »
• Six représentations, du lundi 11 au samedi 16 août, à 20h30, sous la halle couverte du site du P’tit Chat Noir, à Bergerac. Réservations.
