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Enquête de transmissions

SUCCESSIONS À ASSURER. Pour répondre à la demande croissante d'une alimentation locale et responsable, il importe de maintenir et de développer l'offre : c'est tout l'enjeu du Projet alimentaire territorial. Celui du Pays de l'Isle avance sur plusieurs fronts, notamment celui de la transmission des exploitations, en lien avec la Maison des Paysans.

Le Projet alimentaire territorial (PAT) suit son cours depuis 2018 dans un Pays de l’Isle qui va bien au-delà de la vallée qui court de Savignac à Montpon via Périgueux, en s’étirant largement sur ses contours, vers le val de Louyre ou la Double. L’objectif est de rapprocher la réalité des agriculteurs qui restent en activité, mais aussi les projets de ceux qui veulent s’y installer, des attentes de consommation en proximité, avec la volonté que l’acte d’achat soit rétributeur pour les uns en restant accessible pour les autres, financièrement et géographiquement. Comme l’éducation est un vecteur essentiel de ce processus de réappropriation de son assiette, la Communauté de communes Isle Vern Salembre (CCIVS) choisit déjà 43 % de produits bio et locaux pour les 1200 repas préparés et servis quotidiennement dans ses 15 restaurants scolaires. Ce qui lui vaut, depuis peu, le label Territoire bio engagé. Par ailleurs, la promotion des producteurs locaux passe par la découverte touristique des environs au fil d’étapes gourmandes avec Vélodélices.

Contribuer aux liens sociaux

Ce souci de préserver et modeler une économie de proximité en prenant soin de l’environnement s’élabore dans le respect de tous, c’est-à-dire en évitant le gaspillage et en préservant la santé du producteur comme du consommateur, et en favorisant des liens sociaux. Le défi consistant à conjuguer aspects humain et matériel, il importe de maintenir les fermes existantes : quand on sait que 57 % des agriculteurs ont plus de 50 ans et n’anticipent pas la reprise de leur outil de travail, la question de la transmission est donc primordiale. D’autant que le processus de passage de relais demande le temps de la réflexion et de l’action, l’attachement patrimonial étant fortement imbriqué avec la notion d’entreprise.

Pour ce nouveau palier d’élaboration du PAT, les élus du Pays de l’Isle et de la CCIVS ont fait appel à la Maison des Paysans de Dordogne pour une mission de repérage des cédants potentiels, l’une des vocations de cette association de développement rural. « La prise de conscience est ancienne, il faut maintenant affiner l’approche sur ce territoire « , s’accordent à dire les partenaires. Un inventaire des agriculteurs est en cours de constitution afin d’identifier les intentions de ceux qui avancent en âge et de constituer un répertoire pour des mises en relation et projets d’installation.

Éviter la déprise agricole

Le foncier reste un problème majeur. En s’engageant dans cette étude, tous souhaitent préserver la vocation agricole de fermes à taille humaine pour éviter le regroupement de parcelles, faute de repreneurs, ou la construction de pavillons sur les terres les plus riches de la vallée. Les questionnaires transmis aux agriculteurs s’intéresseront à leurs projets de retraite et à la transmission possible d’un savoir-faire en même temps qu’une propriété. « La succession ne va plus de soi dans les familles : agriculteur, c’est un métier, observent les animatrices de la Maison des Paysans. Et beaucoup d’installations se font actuellement avec des gens qui ne sont pas issus de cette tradition. Il est aujourd’hui possible de commencer sans trop investir et de s’assurer une bonne rentabilité.» L’association accompagne une cinquantaine de projets par an en Dordogne, beaucoup relevant de reconversions professionnelles. Il existe une réelle demande, mais l’offre a du mal à se mettre en place. Cette boîte à outil locale au service de la revitalisation des territoires ruraux va permettre une meilleure connaissance de la réalité actuelle et des perspectives : il importe en effet de veiller à la diversification et la complémentarité des activités, sur laquelle repose tout l’intérêt des circuits courts.

Cet accompagnement a pour intention de sauvegarder une présence et un engagement humain sur ces terres agricoles, mais aussi de maintenir les paysages en état pour que l’horizon du pays de l’Isle en se referme pas : question de bien vivre pour la population locale comme pour l’accueil touristique.

Une convention a été signée entre les trois structures pour mener l’étude toute cette année. Nous y reviendrons cet automne avec l’ébauche d’une succession croisant opérateurs public et privé au bénéfice du maintien d’un vaste maraîchage bio, dimension pédagogique incluse.