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Débuts d’histoires d’entreprises récompensés

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AIDE AU DÉMARRAGE. Ils sont trois lauréats en Dordogne, avec des parcours et profils très différents, à bénéficier d'une récompense de 1000 euros au concours Créadie Nouvelle-Aquitaine 2025 avec les prix Vitalité des Territoires, Quartiers et Transition énergétique inclusive. Soutenus par le microcrédit, ils partagent leur expérience entrepreneuriale.

Eve Peyre, la tête chercheuse

(Prix Vitalité des Territoires Créadie)

Eve Peyre a travaillé 15 ans dans un salon de coiffure bordelais, coiffeuse/coloriste puis responsable : de quoi évoluer vers la création de sa propre structure, en regardant « avec d’autres lunettes ce que je faisais, avec plus de simplicité et d’humanité ». C’était en 2020. La jeune femme souhaite prendre le temps de créer une coupe sur mesure pour chaque demande.

© Adie

Son entourage s’inquiète de l’abandon de 15 ans de CDI pour la conquête d’une nouvelle clientèle. « J’ai voulu sortir de ma zone de confort, trouver une harmonie entre mes envies et ce que je faisais. » Accompagnée par son entourage, ses clients et son ancienne patronne, elle se risque à créer son propre concept. Inscrite à la CMA munie d’une carte de commerçant non sédentaire qui lui permet de s’installer dans des endroits publics, la voilà accueillie sur les marchés, avec son barnum adapté façon salon éphémère coloré, et elle complète son activité à domicile en hiver. Changement de région, de clientèle, de cadre de travail : c’est ce qu’on appelle sortir de sa zone de confort. « Je me suis vite rendu compte que les gens avaient besoin de temps, d’amour et d’écoute. »

L’Adie lui a accordé le financement que personne ne voulait lui prêter pour démarrer : de quoi acheter la voiture essentielle à son projet de « coiffure nomade ». Et en premier lieu, Eve a passé son permis. Basée à Brantôme, elle circule sur les marchés locaux et a développé une clientèle fidèle. « La mobilité m’a permis de doubler mon chiffre d’affaires annuel, une très bonne nouvelle. » Elle rêve cependant de stabiliser ses « Ciseaux dans l’âme » quelque part, pour affirmer son univers cosy, sans arrêter les tours de marchés et lieux festifs.

Paul Calvier Huet, la force de l’image

(Prix Quartiers Créadie)

Sauce Poulet Studio ? Paul Calvier Huet met volontiers à sa sauce les images qu’on lui confie : son atelier de production audiovisuelle et cinématographique, installé dans le village artisanal de Coulounieix-Chamiers, manie la magie sur « fond vert » depuis février 2024. Mais il est tombé dedans bien avant… Des stages en entreprise, à 16 ans, ont fait éclore sa passion pour la vidéo. Il s’est formé au cinéma d’animation, à Bordeaux, tout en pilotant la production de l’entreprise de ses débuts. Au terme de son cursus, de retour en Périgord pour en prendre la direction, le Covid a bousculé ses projets.

© Adie

Après une formation à la création d’entreprise via son compte Compte personnel de formation, et une recherche d’informations et de conseils, il s’est lancé en micro-entreprise, pendant quatre ans, avant de créer sa Sarl. « Ma conseillère Adie m’a fait confiance. Nous avons déterminé ensemble le montant et les mensualités qui me permettraient de financer mon installation sans me mettre en difficultés financières. »

Armé de la double expérience en vidéo et cinéma d’animation, il a pour objectif « de reconnecter mon travail avec mes ambitions d’origine, en proposant du stop-motion à mes clients, en produisant des courts-métrages, et en accompagnant les jeunes talents de chez moi dans leurs premières réalisations ». En concrétisant son rêve d’adolescent, il a surpris (et inquiété) ses proches, qui le voyaient plutôt intégrer un grand studio à Paris ou à l’étranger. L’initiative a suscité chez certains la même envie de se réaliser dans l’entrepreneuriat.

L’activité de Sauce Poulet Studio se développe dans le local qu’il a pu aménager grâce au prêt accordé par l’Adie, pour abriter le matériel de tournage et l’informatique nécessaire au montage. « Mon entreprise me permet de vivre de mon travail mais mon vœu est de reconstituer une petite équipe à l’image de celle dans laquelle j’ai appris le métier. »  Il va ajouter une branche stop-motion à son offre de production vidéo.

Au moment de créer sa structure, il avait encore un prêt étudiant à rembourser. De quoi le freiner dans son élan, susciter le doute en attendant de faire croître le chiffre d’affaires, « mais à force de semer des graines, certaines ont fini par germer et aujourd’hui, j’en récolte les fruits ».

Fier de sa contribution à l’offre culturelle de sa ville et à la dynamique économique de son quartier, Paul Calvier Huet accueille des jeunes en stage et tente de les guider dans leur projet audiovisuel. Sans perdre de vue ses projets cinématographiques personnels.

Déborah Ricard, du pain et des vœux

(Prix Transition énergétique inclusive Créadie)

Après une école d’ingénieur (management de l’innovation) et deux ans dans une ferme en polyculture-élevage de 15 salariés où elle a œuvré au service du bien-être global, Déborah Ricard s’est formée à la boulangerie en multipliant les stages (paysans-boulangers, conventionnels, au levain, production de blés anciens) avant de passer son CAP en candidate libre. La voilà boulangère, dans le style paysan. « Je fais du pain uniquement avec du levain naturel, que je cuis dans un four à bois. Je suis également ensemblière agricole. J’aide des collectifs agricoles à se structurer humainement », à mieux se connaître pour fluidifier les interactions.

© Adie

Son expérience à la ferme lui a prouvé le bien fondé de sa démarche, mais il lui fallait créer son entreprise car le format salarié n’était pas pertinent. Nourrir son prochain, s’investir dans un travail physique, rester présente émotionnellement pour les accompagnements : c’est tout l’intérêt de l’aventure professionnelle choisie par Déborah. Aventure partagée dans le plaisir, et préparée avec le soutien de France Travail, création suivie « par une entreprise spécialisée, pendant plusieurs mois ». L’Adie l’a accompagnée pour financer son matériel et son stock après la formation de création de micro-entreprise de la CCI qu’elle a suivie en arrivant en Dordogne, à Sainte-Croix de Mareuil.

Son stand Oh Woaw ! attire le regard sur le marché de Périgueux et son pain prend bientôt la destination d’un Ehpad public. « Nous allons commencer par un atelier pendant le goûter », pour échanger avec les résidents autour du pain qu’ils mangent. Et en tant qu’ensemblière, elle accompagne un lycée agricole depuis la création de son entreprise.

Déborah aimerait ne plus être seule dans l’activité de boulangerie, et « mettre plus le pied dans la culture du blé et la meunerie ». Écouter ses amis et sa famille raconter leurs débuts et leurs difficultés la rassure : « quand je vois ce qu’ils sont aujourd’hui, je me dis que c’est normal, c’est le début ! »

L’Adie, pour une économie plus inclusive

L’Adie, association nationale reconnue d’utilité publique, défend l’idée que chacun, même sans capital ou diplôme, peut devenir
entrepreneur s’il a accès à un crédit et à un accompagnement professionnel.

Ce réseau implanté depuis 30 ans en Nouvelle-Aquitaine, a accompagné 3 116 entrepreneurs en 2024 grâce à 160 bénévoles et 54 salariés.

• Tout un programme

La clé de la mobilité

Pour 1 Français sur 4, se rendre au travail est source de complication (enquête inédite Adie-Institut Appinio). Ils sont trop à passer à côté d’opportunités professionnelles faute de moyen de transport efficace. Du 2 au 6 juin, l’Adie se mobilise pour une mobilité adaptée à son activité et respectueuse de l’environnement. Campagne d’animations et d’ateliers sont prévus en Dordogne pour faire connaître actions et solutions.

En dehors des centres urbains bien desservis en transports collectifs, la voiture reste le moyen de transport privilégié des Français. Ce mois de juin, la campagne de sensibilisation de l’Adie valorisera son microcrédit “mobilité”, proposé depuis plus de 15 ans aux particuliers n’ayant pas accès au crédit bancaire, qu’ils soient salariés ou en recherche d’emploi. En Nouvelle-Aquitaine, 789 microcrédits mobilité ont été financés l’an passé : 85 % des bénéficiaires reconnaissent l’impact direct de celui-ci dans l’amélioration de leur situation professionnelle et financière.

© Adie

Ainsi, Fabien Pannetier a-t-il créé son entreprise de peinture en bâtiment en 2022, après une expérience salariée dans le BTP puis dans dans la grande distribution. À 37 ans, il est parti de zéro, sans matériel ni véhicule, sans connaissance du monde de l’entrepreneuriat, en suivant plusieurs formations. L’Adie a financé un microcrédit pour l’achat d’un véhicule utilitaire et d’équipements indispensables à son activité. À présent, il collabore avec des constructeurs, ce qui lui assure un chiffre d’affaire stable.