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Créer son entreprise en coopérative d’activités

David Millier
ENTREPRENEURIAT. Lancée en 2013, la Coopérative d’activités et d’entrepreneurs (CAE) IRISCOP est une entreprise Montignacoise, partagée et gouvernée par ses entrepreneurs associés, qui peuvent ainsi tester la viabilité économique de leur activité, tout en bénéficiant d’un accompagnement à la fois individuel et collectif.

Créer son entreprise, se lancer seul, affronter le mille-feuille administratif, cela peut faire peur. Mais il existe de nouvelles formes d’entrepreneuriat, peu connues, alliant initiative, sécurité, solidarité et souvent écoresponsabilité via le partage de valeurs, de matériel, voire de clientèle. Une structure alternative en territoire rural particulièrement intéressante à découvrir.

Entretien avec David Millier, Cogérant et co-administrateur de la CAE IRISCOP.

BIEN en Périgord.  Qu’est-ce qu’une CAE ?

David Millier : C’est une coopérative d’activités et d’emploi issue de la loi de 2014 sur l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) dite loi Benoît Hamon. Mais en interne, on parle plutôt de coopérative d’entrepreneurs, car cela correspond à la lettre mais surtout à la réalité, car nous sommes tous entrepreneurs.

D’où vient le nom d’IRISCOP ?

D.M : COP pour coopérative et IRIS, phonétiquement plus inattendu, fait référence au rhizome, tige souterraine qui porte des racines et des tiges aériennes, métaphore de notre ancrage local et de nos valeurs écoresponsables.

On connait les coopératives laitières, les coopératives agricoles. En quoi les CAE sont-elles différentes ?

D.M : Ce sont des coopératives spécialisées. Il en existe en CAE comme COPEBAT mais agissant sur l’ensemble des métiers du bâtiment (maçonnerie, plomberie, électricité). IRISCOP est une CAE multi activités ! On peut y trouver tout type de métiers (hormis les professions règlementées comme les avocats, notaires, infirmiers libéraux etc.) Chez IRISCOP, vous trouverez aussi bien des agriculteurs, apiculteurs, que des artisanes (vannière, maroquinière), une sophrologue, une professeure de Yoga, plusieurs photographes, un ingénieur conseil en agronomie, des productrices de plantes aromatiques, des commerçants ambulants, un transformateur de châtaignes, un jardinier, un coach sportif etc.

Quel est l’intérêt pour ces entrepreneurs d’être affilés chez vous ?

D.M : Ils sont plus qu’affiliés, ils sont associés, possèdent des parts sociales, chacun ayant une voix égale lors des votes. Une CAE offre à l’entrepreneur un statut de salarié en CDI, lui permettant de transformer son chiffre d’affaires en salariatet, via les cotisations sociales, de bénéficier de prestations telles que : chômage, retraite, arrêt de travail etc. Nous mutualisons également les assurances de responsabilité civile par exemple. Nous sommes affiliés à l’URSAFF et à la MSA (mutuelle agricole).

Au-delà les entrepreneurs trouvent ici un appui, un conseil, des services comptables et prospectifs, qui les aident particulièrement dans leur phase de lancement. C’est un contrat qui ne comprend pas d’horaires et pas de lien de subordination. Les personnes maîtrisent leur activité, leur cœur de métier, mais pas toujours les aspects juridiques et administratifs, le suivi de gestion et de développement de l’activité. Autrement dit, ils se construisent avec nous en tant que patrons.

Comment entre-t-on à IRISCOP ?

D.M : On commence par un Contrat d’appui au projet d’entreprise (CAPE), une manière de se tester mutuellement, coopérative et entrepreneur, au travers d’un parcours avec des ateliers ; présentation, prospection, bilan comptable etc. Une fois devenu sociétaire, en cas de difficulté économique, on peut toujours envisager une rupture conventionnelle, qui permet avec ce statut d’entrepreneur salarié, de ne pas se retrouver sur le carreau.

Après dix ans d’existence, quel bilan global pouvez-vous tirer ?

D.M : Nous sommes autonomes à 80%, bénéficions d’aides financières de l’Europe, pilotées et aiguillées par la Région Nouvelle Aquitaine, laquelle soutient particulièrement les programmes d’économie sociale et solidaire. Nous constatons que les métiers de prestations de services se prêtent bien à une entrée en CAE. Des activités à investissement lourd en matériel, bâtiment ou foncier sont plus délicates, car elles ne peuvent bénéficier en même temps d’aide à la création et de la CAE. En revanche des agriculteurs, installés depuis un certain temps entrent volontiers.

Nous voyons que notre structure permet le développement de l’entrepreneuriat féminin, sans doute parce que cela les sécurise, aussi parce qu’elles apprécient l’existence d’un réseau de solidarité, que constitue en soi IRISCOP. Nous avons déjà 35 entreprises associées, développons l’idée au travers de réunions d’information dans nos locaux. Nous sillonnons aussi le département et partageons des expériences avec des tiers-lieux, comme la tuyauterie à Montignac, la pelle aux idées à Sarlat, ainsi que dans le Périgord vert. Nous avons récemment bénéficié d’un bel éclairage grâce à l’émission Carnets de Campagne sur France Inter et bientôt d’une émission complète Rencontres et Petites vadrouilles sur Radio Vallée Vézère.

La coopérative perçoit environ 10% du chiffre d’affaires de l’entrepreneur pour les frais d’administration, formation, communication et comptabilité, avec un palier à 65 € mensuels et un plafond à 6 500 € pour ceux dont le CA serait exponentiel…

Rendez-vous d’information collective, sur inscription, les lundis 4 septembre, 2 octobre, 6 novembre et 4 décembre, au 31 rue de juillet à Montignac-vous tel : 06 46 73 75 70.

Laurent SEITMANN