Accueil BIEN naturel Chemin d’Amadour, une invitation à prendre son temps

Chemin d’Amadour, une invitation à prendre son temps

© B.R.
ON THE ROAD AGAIN. Long de 500 kilomètres, le chemin d’Amadour traverse le sud du département et invite à redécouvrir des coins plutôt en dehors des points d’affluence.

De l’estuaire de la Gironde à Rocamadour, dans le Lot, le chemin d’Amadour, long de 500 kilomètres, offre une diversité de paysages assez variés. Son cheminement lui fait traverser le sud du département, via Bergerac, Issigeac, Cadouin, Belvès, ou encore Domme et Sarlat. « C’est la Dordogne qui en est à l’initiative, sourit Philippe Debet, chargé des chemins de randonnée au sein du Département. Dans les années 1990, il y a eu une volonté de développer le tourisme vert. Et donc, de la randonnée, notamment. » La légende d’Amadour, venu évangéliser les populations de l’estuaire et qui, après son veuvage, aurait remonté la Dordogne pour se retirer dans une grotte, du côté de Rocamadour, était le prétexte parfait pour créer cet itinéraire de grande randonnée, sur trois départements (Gironde, Dordogne, Lot).

Une terre de légendes

Tout le sud de la Dordogne est mis en avant. Des vignes du Bergeracois aux châteaux médiévaux de la vallée de la Dordogne, on traverse des paysages variés. La partie la plus authentique est peut-être celle qui va de Cadouin à Belvès. Pour rappel, l’abbaye de Cadouin, appartenant à l’ordre des cisterciens, a été fondée en 1190. Elle est restée célèbre pour avoir accueilli en son sein une relique considérée comme le suaire du Christ. Jusqu’à ce que ce bout de tissu, expertisé en 1934, soit confirmé comme étant musulman et du XIIe siècle. Il se dit que Simon de Monfort, en partance pour lutter contre les Cathares, l’aurait déposé à Cadouin en cadeau aux moines, en échange de leur loyauté envers le christianisme.

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Cette histoire, et beaucoup d’autres, jalonnent le parcours. « On a créé un livret qui les raconte toutes », détaille Philippe Debet. C’est le cas, par exemple, du “pendu de Belvès“, qui fut, au Moyen Âge pendu et dépendu plusieurs fois, deux villages se disputant le droit de le faire, l’homme ayant commis des crimes sur les deux communes.

Une grosse semaine est suffisante pour traverser la partie périgourdine du chemin. D’autant plus que des relations avec des gares (Bergerac, Sarlat, le Buisson…) ont été mises en place, ce qui fait que l’on peut effectuer le trajet en plusieurs fois si besoin.

Pèlerins et randonneurs

En cette fin juin, il fait déjà chaud, alors que l’heure est relativement matinale. Départ de Cadouin, direction Belvès, sur le plateau. Joli petit village, il flotte une atmosphère particulière ici. On sent qu’après la léthargie hivernale, il commence à revivre. Sorti du bourg, direction Urval et son four banal, restauré. En chemin, peu de monde, c’est aussi ce qu’on vient chercher en randonnée, on fuit un peu la foule. Cela dit, on croise quelques marcheurs, locaux ou pas. On prend le temps de dire bonjour, d’échanger deux mots, de demander où se trouve le prochain village. En route, quelques pèlerins de Saint-Jacques également, Amadour étant relié à quatre voies jacquaires. Pour aller à Belvès, il faut monter. Cela dit, au cœur de la Bessède, l’un des trois grands massifs forestiers du Périgord, la chaleur se fait moins vive.
Pour celui qui prend le temps de regarder, on distingue les traces du passage des animaux : cerfs, chevreuils et, bien sûr, sangliers. En parlant de sangliers, c’est le surnom des rugbymen belvésois, le village au Sept clochers qui se dessine au loin. Encore un effort et la bière ne sera pas de trop, en terrasse. Quatre heures, c’est le temps qu’il aura fallu, à un rythme soutenu, pour faire le parcours. Mais c’est aussi ça, le but de la rando. Prendre son temps.