Par amour, Cato a quitté sa Hollande natale pour la France. Elle y vit aujourd’hui avec son époux Stephan et leurs deux enfants, Émilie et Thomas, sans oublier Louis le chien qui fait partie de la famille. L’histoire pourrait sembler ordinaire, et pourtant… Chez elle, rien n’est ordinaire, tout est tissé d’amour et d’authenticité.
Toti, c’est ainsi qu’elle a baptisé son salon de thé, ce n’est pas un simple lieu où l’on vient boire une tasse fumante ou partager un repas, non ! Je vous arrête tout de suite : franchir le seuil de Toti, c’est entrer dans un univers. Une parenthèse suspendue où la végétation, les murs et les voix murmurent une invitation. Une fois la porte refermée derrière vous, il ne vous restera qu’une envie : revenir.
D’un rêve silencieux à un projet vivant
Aux Pays-Bas,Cato a d’abord prêté ses mains aux cuisines de petits restaurants, avant d’offrir son imagination à un centre de nature et d’environnement pour enfants, où elle façonnait des concepts créatifs. Elle a même créé sa propre entreprise, semant ici et là des projets éducatifs et ludiques pour éveiller au langage de la nature.
Ses pas l’ont menée en France à deux reprises, pour assurer le service et la gestion de tables d’hôtes dans l’Allier. Puis, installée définitivement en terre française, elle a œuvré dans les gîtes et les résidences secondaires, soignant les lieux comme on soigne une maison de famille. Elle peignait aussi des vieux meubles, vendait de nombreuses décorations en bois, toutes façonnées à la main. Polyvalente, elle avançait, guidée par une inépuisable soif de création, mêlant savoir-faire et poésie dans chacun de ses gestes quotidiens.
La nature en refuge
Vivre à la campagne a toujours été pour elle une évidence, presque une nécessité. La forêt et la nature sont son refuge, une source de renouveau, là, elle puise son énergie, retrouve son équilibre et laisse le silence habité des paysages nourrir son esprit. C’est en 2022 que tout se manifeste dans sa tête et dans celle de son mari Stephan, Hollandais lui aussi. Thomas, leur second enfant, vient de souffler sa première bougie, et le couple est tout juste marié. Installée à Issac, dans la vallée de l’Isle, Cato vient de perdre son emploi dans une savonnerie artisanale. Dans la grange que le couple restaure patiemment, l’espace ne manque pas : elle est assez grande pour accueillir famille et amis qui viennent en moyenne trois semaines par an. Le lieu semble offrir bien plus de potentiel. Très vite, l’idée s’impose : pourquoi ne pas y imaginer autre chose ? Ce n’est pas la première fois que cette pensée germe en elle. Déjà, lorsqu’elle travaillait dans l’Allier, en dressant une table,elle avait eu une révélation. En 2022, cette intuition refait surface, plus vive que jamais, “ouvrir son salon de thé”.
Concrétiser son projet
Forte d’un passé d’entrepreneuse, elle possède les savoir-faire nécessaires pour concrétiser son projet. Un lieu chaleureux, à son image, où elle pourra conjuguer hospitalité et créativité. Et surtout, rester entourée de ses enfants, sa priorité absolue. Un petit salon de thé, sans prétention, lové aux portes du village. Au départ, l’investissement est modeste : une machine à café, une vitrine réfrigérante… et surtout, cette envie irrépressible de bâtir un lieu où l’on ne vient pas seulement boire ou manger, mais où l’on s’installe comme on ouvrirait un livre, prêt à savourer chaque page.
Elle en parle avec ses voisins. Le premier, passionné de café, l’accompagne dans ses choix et lui déniche l’adresse d’un bon torréfacteur à Périgueux ; ancien employé de chez Microsoft, il lui façonne un site web comme on ouvre une vitrine sur le monde. La seconde, fine connaisseuse de thés, lui transmet son savoir et ses secrets d’infusions parfaites.
Dans ce coin de campagne, les rencontres ont pris des allures de providence ! Comme si, à chaque pas, un guide se tenait là, prêt à l’aider à tracer sa route.
Un tablier pour deux vocations : maman et entrepreneuse
Toti était né. Cato devient une commerçante rurale, à mille lieues des batailles pour exister dans la jungle commerciale des grandes villes, là où la concurrence est féroce et où l’authenticité se perd parfois en chemin. Ici, dans son coin de campagne, elle peut préserver ce qu’elle aime : la sincérité des échanges, le goût du fait maison et la nature qu’elle adore. Son salon ouvre trois jours par semaine, du vendredi au dimanche, de 11h à 18h. Mais Cato, elle, travaille sept jours sur sept, ses enfants passent avant tout et ce mode de vie est la clé de leur épanouissement. Elle ne connaît guère le repos : entre l’attention portée au jardin, les emplettes chez les producteurs locaux et, naturellement, les longues heures en cuisine, les journées de Cato s’égrènent sans relâche. Car elle fait tout, absolument tout : le pain qu’elle pétrit à la main, les gâteaux qui embaument la maison, les plats salés, le kombucha pétillant (une boisson à la croisée du thé, du vinaigre et du soda… artisanale, très en vogue chez les amateurs de produits naturels ou fermentés), les glaces maison, et même les sirops de sureau.
L’univers des enfants
Levée à cinq heures du matin, elle pétrit, enfourne, mijote. Chaque journée commence avec la même lumière : celle d’un rêve qu’elle entretient patiemment, comme on arrose une plante rare. Mais il y a toujours, glissés entre les heures, ces instants de récréation partagés avec ses enfants. Une parenthèse tendre, comme une escapade en forêt, juste après l’école.
Émilie et Thomas rayonnent, ce sont des enfants épanouis, ouverts sur le monde, curieux de tout, ils apprennent que le travail est nécessaire, ils découvrent des modes de vie différents et que chacun est important. On les voit souvent échanger avec les clients, avec aisance, comme si le salon de thé était devenu leur propre salle de classe. C’est pour eux une école vivante, profondément humaine, où chaque rencontre est une leçon de plaisir. Leur univers est déjà traversé de langues : le français, le néerlandais, et même l’anglais qu’ils comprennent avec une facilité qui étonne. Un jour, une cliente, attendrie, a laissé échapper un sourire admiratif en disant “Cato, vos enfants sont presque à l’université… Ils apprennent tellement !”
Des travaux faits maison aussi
Dans l’univers chaleureux de Toti, Stephan occupe une place bien à lui, essentielle. À ses côtés, la maison vit, évolue, s’embellit. Il partage avec ses enfants de précieux moments hors du temps, notamment lors de leurs escapades dans les brocantes. Ensemble, ils arpentent les allées, à la recherche de cet objet singulier qui, un jour, trouvera naturellement sa place dans le décor et deviendra peut-être le coup de cœur d’un client.
Mais Stephan ne s’arrête pas là, avec Cato, il restaure peu à peu la maison transformant les lieux avec patience et savoir-faire. Pour permettre ces travaux dans de bonnes conditions, le salon ferme ses portes deux mois par an, en dehors de la haute saison. Une pause bienvenue, comme un temps de respiration, pour préparer l’avenir et offrir toujours plus de confort à ceux qui poussent la porte.
Toti, la maison qui sert avec le cœur
Ce n’est pas un salon de thé comme les autres. C’est un lieu qui respire la vie, la générosité, le fait maison… et surtout l’amour. Un jour, Émilie, la petite fille de la maison, affamée, a prononcé une phrase qui résume tout, mieux que n’importe quel article :
“Maman, je peux encore goûter l’amour, là-dedans ?”
Chez Cato, les mots des enfants ne mentent pas. Oui, elle pâtisse et cuisine de l’amour, au sens le plus le plus vrai. Chaque gâteau, chaque plat salé, porte en lui cette part invisible qui rassasie autant le cœur que l’appétit. C’est une maison qui ouvre ses bras.
Ici, le ressenti est immédiat. Louis, le chien, vient vous chercher jusqu’au parking, comme un hôte empressé. L’été, la terrasse s’offre à vous avec ses tables et ses bibelots chinés. La récup est partout, donnant au lieu un décor singulier, vivant, où l’on a aussitôt envie de lâcher prise. L’intérieur est feutré, deux chats s’y prélassent, guettant vos caresses. L’endroit bruisse d’activités : ateliers pour enfants, moments créatifs pour les adultes, lectures partagées, conversations philosophiques, séances de yoga. Chaque recoin respire cette idée simple et rare : ici, on ne consomme pas seulement un thé ou un café, on habite un instant hors du temps.
On ne repart jamais tout à fait comme on est venu. On emporte avec soi un sourire, un parfum de sa tarte fétiche, citron meringué, une conversation qui réchauffe. Et, surtout l’envie irrépressible de revenir s’asseoir à la même table, juste pour retrouver cette sensation rare : se sentir attendu comme dans une famille.
Ouverture du vendredi au dimanche de 10h à 18h (il est sage de réserver)
