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Apparition de Mondes invisibles

Les Salons noirs, Impression jet d’encre sur pages de livres- 500 x 180 cm - 2021 © Aurélien Mauplot
BIEN VU. Au Musée national de Préhistoire, aux Eyzies, l'œuvre protéiforme d'Aurélien Mauplot est visible jusqu'en fin d'année — l'une lui est même indissociable du fait d'une commande publique —après “la belle journée” de rencontre entre arts et sciences de la Préhistoire, performance collective qui a ouvert la saison estivale.

Les Mondes invisibles, projet itinérant de recherches et de créations, approche « les histoires de la Préhistoire » à travers les signes géométriques disséminées dans les grottes, la transmission et l’influence du temps passé avant d’arriver à la caverne, la marche vers elle.

Aurélien Mauplot, artiste associé au Musée national de Préhistoire arrivé au terme de trois années de collaboration, présente son travail sur plusieurs fronts : une commande publique (Jekstàt, lire plus bas) et une quinzaine de créations dans les espaces d’exposition, après une performance collective (acteurs des mondes de l’art et de la Préhistoire) offerte en prélude, le 12 juin.

Vertiges et vestiges

Dans cette exposition personnelle, l’artiste établi en Creuse « aborde la Préhistoire à travers la marche, la perception et les vestiges des gestes, traces trouvées dans les grottes qui témoignent d’un passage, comme une empreinte de pied figée dans l’argile ». L’exposition sensible mêle photographies et dessins aux installations inspirées d’un récit consacré à un groupe de femmes en marche dans le désert du Namib, il y a 100 000 ans. Ainsi explore-t-on avec l’artiste les imaginaires que génère la Préhistoire, pour rompre le fil du temps et rapprocher des époques lointaines. Un choix soutenu par le Musée national.

« Entrer dans un Musée de Préhistoire, c’est en sortir avec plus de questions qu’à l’arrivée. »
Gargas, Performance filmée, capture d’écran de la vidéo – 10’37- 2025 © Aurélien Mauplot

Ainsi, Gargas témoigne de la nuit qu’il a passée au Musée le 3 décembre 2022, expérimentations partagées avec l’artiste-autrice Anaïs Marion : sur les projections des mains négatives de la grotte de Gargas, à 27 000 ans d’écart, il a superposé son empreinte artistique.

En trois ans d’immersion, « plus que les peintures ou les techniques, ce qui aura le plus intrigué l’artiste, ce sont les vestiges des gestes », au-delà des impressionnantes figures animales. La trace d’une présence  — mouchage de torche sur la paroi, empreinte de pied dans l’argile, morceau de charbon coincé dans une fissure — touche à l’intime, dans la proximité d’une humanité si différente et pourtant si semblable. Un passage secret de plusieurs millénaires jusqu’à nous, fixé dans le mystère d’arrêts sur image captés par l’artiste.

Trésors cachés

L’artiste s’implique aussi dans le projet collaboratif Le Musée sort de sa réserve (projet muséographique lancé en 2021 et renouvelé chaque année) pour lequel tout le personnel du Musée a été invité à choisir parmi les sept millions de pièces que compte la collection, habituellement conservées en réserves et rarement exposées au public. Dans le cadre de ces Mondes invisibles,  jusqu’au 6 janvier, cette nouvelle édition d’une œuvre fédératrice et collective révèle l’intimité que chacun entretient avec ces vestiges cachés.

Une résidence itinérante en quatre escales

Études pour silex, Impression jet d’encre sur film transparent et transfert sur papier – 10 x 15 cm – 2022 © Aurélien Mauplot

Ce projet en terre de Préhistoire, c’est d’abord tout une histoire qui réunit de nombreux partenaires autour de trois acteurs engagés dès 2021 (artiste, Agence Culturelle Dordogne-Périgord, Musée national de Préhistoire) pour concevoir un projet de résidence. Le musée, lieu pivot du projet, en finance une partie, met à disposition un atelier et donne un accès privilégié aux différentes équipes et aux collections.
Intégré au Projet scientifique et culturel du Musée au printemps 2023, Les Mondes invisibles est lauréat (juin 2022 puis septembre 2024) de la Bourse du contrat de filière arts visuels Création, coopérations et territoires, orchestrée par Astre (réseau arts visuels en Nouvelle-Aquitaine) financée par la Drac et la Région. Nekatoenea et le Bel ordinaire ont accueilli Les Mondes invisibles pour deux temps de résidences de recherches entre juin 2023 et mars 2024.

 

Une commande publique portée par le Musée

Jekstàt (simulation) – Tirages pigmentaire sur papier Hahhemühle bambou – 500 x 320 cm – 2025 © Aurélien Mauplot

Jekstàt est une installation murale composée d’un ensemble de photographies issu de sculptures réalisées en Vallée de la Vézère, assemblages de blocs calcaire dont chaque face est frottée au charbon de bois. Les images créées — plans rapprochés des surfaces charbonnées — dévoilent la porosité entre le calcaire et le charbon, une matière singulière retrouvée dans de nombreuses grottes. Cette œuvre, commandée par le Musée national de Préhistoire – Les Eyzies, a été réalisée avec le soutien du ministère de la Culture.